Rebondir ! En favorisant une culture de l’écoute dans l’entreprise
La crise du Covid19 est un moment très intense à gérer émotionnellement. Invité sur le plateau de C’est à vous sur France 5 en mars dernier, le psychiatre Serge Hefez indiquait que nous sommes en train de vivre un traumatisme collectif.
Comment une entreprise peut-elle rebondir de manière résiliente dans ce contexte ?
Comment retrouver de l’élan dans un moment où le risque de contagion du virus nous demande de retenir nos élans relationnels ?
L’une des clés de la résilience est de se donner les moyens d’en bâtir les fondations. L’un des moyens de les constituer est d’accepter la réalité telle qu’elle est.
Si la réalité de cette épidémie est souvent partagée de manière générale, la manière dont elle est vécue émotionnellement est très personnelle.
Cette unicité du vécu émotionnel, c’est ce que chaque salarié, chaque manager, chaque dirigeant, apporte avec lui dans l’entreprise, en présentiel, ou à distance avec le télétravail.
Prendre en considération le vécu émotionnel de chacun
Pour favoriser le rebond, chaque individu dans l’entreprise a intérêt à prendre en considération ce vécu émotionnel.
En effet, toutes les émotions, qu’elles soient plaisantes ou déplaisantes, sont utiles.
Chacune d’elle est porteuse d’une information, pour nous, et pour les autres.
Ecouter le message de ses émotions, c’est se donner une chance d’identifier le besoin qu’elles révèlent, et de le nourrir si ce besoin n’est pas satisfait.
Dans le cas contraire, le risque est d’accentuer l’intensité d’un climat émotionnel déplaisant ; de faire naître des conflits qui peuvent être évités ; d’exclure certains collaborateurs dans un moment où chaque ressource est nécessaire à la reprise de l’activité.
La crise sanitaire a apporté son lot d’émotions.
Des émotions déplaisantes telles que la peur: peur de la mort, de la maladie ; peur de perdre un être cher ; peur due à une perte de revenus liée à l’arrêt brutal de l’activité économique.
La colère : colère contre le gouvernement, pour ne pas avoir suffisamment préparé cette crise, pour avoir renoncé au fil des années à renouveler l’équipement prévu pour faire face à une épidémie (masques, blouses, charlottes etc) ; colère contre ceux qui prennent des risques inutiles ; colère de ceux qui vivent cette période avec des jeunes enfants dans un appartement exigu ; colère contre les différences de situation entre ceux qui sont surchargés de travail de certains alors que d’autres s’ennuient
L’envie : envie de ceux qui sont partis vivre le confinement dans leur résidence secondaire loin de Paris ; envie de ceux dont le revenu n’est pas sensible à un ralentissement de l’activité ; envie de ceux qui ne traversent pas la maladie de la même façon.
La tristesse : tristesse de perdre un être cher, tristesse de ne pas pouvoir rendre visite à ses parents ou grands-parents âgés
Nous avons également vécu des émotions plaisantes.
La joie pour certains de se retrouver en famille.
La fierté de contribuer à combattre cette épidémie, en se battant au quotidien comme le personnel soignant sur le front de l’épidémie dans les Ehpad ou les hôpitaux, en continuant à travailler pour assurer notre approvisionnement en produits de 1ère nécessité, en respectant les règles du confinement, les gestes barrière, en mettant en œuvre des actions solidaires.
La satisfaction de pouvoir revenir à l’essentiel dans nos vies.
Le soulagement d’arrêter de courir et de s’épuiser.
Afin de les dédramatiser, de les faire baisser en intensité pour laisser la place à autre chose, il est important de prendre le temps d’être à l’écoute de son état émotionnel et de celui de ses collaborateurs.
Développer l’écoute de soi :
Pour commencer, chaque salarié a tout intérêt de se mettre régulièrement à l’écoute de son état émotionnel.
Ce peut être en prenant le temps, au moins 1 fois dans la journée, de faire une pause, et de se demander d’abord au travers de ses sensations corporelles: comment je me sens aujourd’hui?
Il s’agit de trouver les moyens de se connecter à soi, au moins 1 fois par jour.
Ce temps de diagnostic est indispensable.
A chacun ensuite de trouver les moyens de se mettre dans les meilleures dispositions pour contribuer à son travail.
Favoriser un certain état d’esprit en développant l’écoute de ses collaborateurs :
Au niveau collectif, cela passe par une proximité et une écoute donnée par la direction à ses managers et aux managers à leurs collaborateurs.
Cette écoute peut prendre la forme d’entretien individuels plus réguliers avec ses collaborateurs directs.
Faire savoir à chaque salarié qu’il est important par le « management by walking around ».
Inclure tout le monde.
Il s’agit de laisser la possibilité à la vulnérabilité d’exister et de s’exprimer, et d’y répondre par de l’écoute, de la bienveillance et de l’encouragement à contribuer à la phase de rebond nécessaire.
Il s’agit de diffuser un certain état d’esprit, en réaffirmant les valeurs de l’entreprise et sa Raison d’Etre, encourageant une culture de l’écoute, et dont l’exemple doit d’abord être donné par la Direction Générale.
Article inspiré par une réflexion commune sur les composantes du rebond pour une entreprise – Spaciency – « future of work » Anne Rolland et Isabelle Maugard
https://www.spaciency.com/